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Reportage: Maurice Bavaud, hommage

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Bottens

Maurice Bavaud, décapité par les Nazis
et abandonné par les Autorités Suisses
 

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Adrien Bavaud, le frère de Maurice

 
Le village a rendu hommage samedi dernier au courageux Maurice Bavaud, ce jeune résistant neuchâtelois et originaire de Bottens, qui a été décapité par les Nazis en 1941 après avoir tenté d’assassiner Hitler en 1938. Lors d’une cérémonie en présence de son frère Adrien, une plaque commémorative a été posée sur une pierre de la région et un érable planté à ses côtés.

« Je ne meurs pas stoïquement mais chrétiennement » dernière lettre de Maurice Bavaud à ses parents

«Maurice Bavaud a tenté de fléchir le cours tragique de l’Histoire. Nous saluons la mémoire de l’homme qui a su garder les yeux ouverts. Cette commémoration est aussi un travail de mémoire nécessaire alors que les autorités suisses de l’époque n’ont rien fait. Il nous revient d’entretenir le souvenir de ceux qui ont trouvé le courage d’attaquer et contrer le mal », Béatrice Métraux, conseillère d’Etat.

S’il n’est pas possible de réparer l’horreur il est du devoir des Hommes de ne pas oublier ces héros de l’ombre qui ont donné leur vie pour défendre l’humanité. « Maurice Bavaud a fait de la résistance transnationale. Très tôt déjà il avait pressenti le danger mortel qu’Hitler représentait pour le monde entier et pour ses fondements humanitaires. C’est dans la maison parentale, auprès des Frères à l’école à Neuchâtel, comme enfant de chœur à l’Eglise Rouge, lors de ses études et avec ses camarades à Saint-Illan que Maurice Bavaud développe et approfondit ses convictions humanistes, tolérantes et pacifistes ainsi que son attitude sacrificatoire. Les idées de Gandhi, les essais de Pascal et de Montaigne l’ont nourri et confirmé dans ses convictions », explique Peter Spinatsch, théologien et membre fondateur du comité Maurice Bavaud.

Son frère Adrien de 12 ans son cadet lui voue une grande admiration. Présent à Bottens, l’homme de 86 ans se souvient : « Maurice n’a pas été condamné par la Suisse. Il a été abandonné ! » Un cri du cœur qui tant d’années plus tard laisse son visage baigné de larmes. « Tout ce que je demande est que l’on ne l’oublie pas et que ça ne se répète pas ». Ses archives placées sur la table témoignent de ce passé dont un seul geste aurait pu changer le destin de millions de personnes. Ce grand frère, tant admiré, a disparu un jour sans que sa famille sache ce qu’il préparait ni la fin tragique qui l’attendait en Allemagne. Maurice Bavaud fut réhabilité par Pascal Couchepin en 2008 et un monument en sa mémoire a été érigé à Neuchâtel en 1998.

Qui était Maurice Bavaud ? Il était l’aîné d’une famille catholique de sept enfants dans un Neuchâtel protestant traditionnel. Un père employé postal, une mère qui tient une épicerie. Maurice comme ses frères et soeurs, fréquente l’école catholique. Après avoir achevé un apprentissage de dessinateur technique à la FAVAG, usine horlogère, Maurice manifeste le désir de devenir prêtre et missionnaire. Il étudie de 1935 à 1938 chez les Pères du Saint-Esprit au Petit séminaire de Saint Illan, près de Saint-Brieux en Bretagne. Il avait le sens de l’humour, aimait faire de la voile en solitaire sur le lac et dessiner. Le 9 novembre 1938 (veille de la « Nuit de Cristal », nuit où aura lieu le progrom contre les juifs) Maurice Bavaud se fait passé pour un journaliste et obtient une place sur la tribune d’honneur à Munich. Malgré ses nombreuses tentatives d’approcher le Führer, il n’a pas pu faire feu sur lui. N’ayant plus un sou en poche il est contraint de voyager sans ticket. Un contrôleur le surprend et le remet à la police ferroviaire. On découvre sur lui les faux papiers et le pistolet il est alors livré à la Gestapo. Après sa condamnation à mort par le Tribunal du Peuple en 1938 il est transféré à la prison de Berlin-Plötzensee où il restera seul en cellule pendant 17 mois jusqu’à qu’il soit décapité le 14 mai 1941. (Extrait de l’ouvrage Maurice Bavaud 1916 Neuchâtel – 1941 Berlin-Plötzensee)

Lors de la cérémonie se sont exprimés: les autorités locales par son vice-syndic Xavier Panchaud, la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, Adrien Bavaud, frère de Maurice, le pasteur Laurent Lasserre et Peter Spinatsch, théologien et membre fondateur du comité Maurice Bavaud.

Dany Schaer

Paru dans l’Echo du Gros-de-Vaud en octobre 2014

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La cérémonie à Bottens, en présence des Autorités

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Dany Schaer - Journaliste-photographe

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