Thierrens
Fifi Purro, le théâtre pour toujours
Rien d’extravagant ni de tapageur si ce n’est cette volonté
inébranlable de vivre au rythme de la scène. Dans le regard une
lueur malicieuse et pas question de fanfaronner. Le citadin
devenu homme de la campagne il y a vingt-huit ans garde le ton
de son quartier de la Pontaise et les lumières du Splendide des
années 30 en héritage.
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Dans ce matin de fin d’hiver, l’étang est encore engourdi. Une
pive se love au creux d’une branche, cassée sans doute dans un
souffle de bise. Michel Purro dit Fifi franchit la porte de la
maison. Le piano dans un angle de la pièce attend depuis
toujours. Il fait partie de la famille au même titre que les
partitions, les images jaunies et la poésie accrochée à chaque
page de son histoire. Fifi, c’est ainsi qu’on l’appelle, est un
solitaire bon vivant, acteur refusant l’étiquette, musicien
ébloui et metteur en scène concentré sur son travail. Un mari,
un père qui a fait de sa maison un nid d’amour. Le rêve de
l’homme qui se déroule comme un roman au côté de Françoise.
Fifi le taupier du village, son premier rôle à Thierrens et la
rencontre pour une amitié inclassable avec Denis Meylan dit
Bouillon. La Revue pendant plus de vingt ans est ce bagage lourd
de souvenirs. Les « anciens » sont marqués de cette féroce
volonté de durer. Fifi Purro s’est façonné un personnage pour ce
rendez-vous annuel avec un public conquis. « J’aime être sur
scène pour le contact et l’échange qui s’installe avec les
autres. Mais dans ce métier j’avoue qu’il faut aussi une bonne
dose de chance. Arriver au bon moment, être bien aiguillé et
s’il est difficile de percer c‘est encore bien plus difficile de
durer. Avoir du charisme. Faut-il être opportuniste ? Peut-être
un peu parfois et se donner le temps de beaucoup travailler. Une
touche de talent fera le reste avec pour complice le trac
toujours présent derrière le rideau».
Et la mise en scène ? «J’y consacre beaucoup de temps d’une part
pour la société de Jeunesse ou la FSG Saint-Cierges. C’est aussi
un plaisir d’écouter les autres et les guider, j’apprends
beaucoup de cet échange. J’aime aussi découvrir de nouveaux
auteurs. Des jeunes écrivent des textes extraordinaires.
Arti’Show est aussi une priorité qui m’attache au monde du
spectacle. Ainsi tant que mon cerveau et mes jambes le
permettent, je reste fidèle à cette amante, la scène.
Fifi Purro, un boulimique d’activités ? Le fait que j’amuse ne
m’a pas empêché de faire beaucoup de sport. J’étais champion
suisse de marathon en 2000 et j’ai fait deux fois le marathon de
New York. Ma femme Françoise partage cette même passion, comme
le théâtre du reste. Et depuis peu je me suis mis à la voile et
j’ai passé mon permis pour naviguer en mer. Niko, le chien, nous
écoute avec un petit air soucieux. A-t-il le mal de mer ? Dans
tous les cas la bougeotte de son maître n’est pas prête de virer
retraite paisible. Reste le banc au bord de l’étang où il passe
les fins de journée lorsque le temps le permet. « Un endroit où
j’aime lire à l’abri de l’agitation du monde. J’ai parfois le
sentiment que le temps se raccourcit. Quel redoutable partenaire
et qu’on le veuille ou non la pièce de la vie se joue avec lui».
Dany Schaer
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