Géa Augsbourg, une carrière sous le signe des rencontres. Exposition à Morges, octobre 2013. Par Dany Schaer

Exposition: Maison du Dessin de Presse

Morges

Géa Augsbourg, une carrière sous le signe des rencontres

La Maison du Dessin de Presse

Maria Da Silva et Pierre Friderici

Maria Da Silva

La Maison du Dessin de Presse ouvre sa nouvelle exposition Géa Augsbourg, Saisir les gens et les Lieux. L’accrochage se concentre essentiellement sur ce qui a amené l’artiste à se distinguer : le portrait et le reportage dessiné. Ces genres, qu’on retrouve tout au long de sa carrière, apparaissent comme sa part du travail la plus durable et la plus novatrice.

Sur une proposition des commissaires Gabriel Umstätter et Jean-Marie Antenen, la Maison du Dessin de Presse présente une sélection de dessins et de documents originaux issue des collections du Musée historique de Lausanne et la Bibliothèque cantonale et universitaire – Lausanne. « C’est l’occasion de découvrir, entre autre, le reportage de Géa Augsbourg en Amérique du Nord effectué en 1949 et publié dans Libération, ainsi que diverses chroniques réalisées pour la presse romande au début des années 1960, riches en portraits de personnalités locales. L’association de la Maison du Dessin de Presse tient à diversifier les expositions et ainsi intéresser un large public. Géa Augsbourg est un dessinateur connu pour certains et totalement inconnu pour d’autres notamment la jeune génération », explique Maria Da Silva, conservatrice.

L’éclatement de la seconde guerre mondiale conduit Géa Augsbourg à s’associer avec Charles-Albert Cingria et Paul Budry pour organiser des séries d’expositions, de conférences et de concerts annoncés dans les Petites Feuilles. Séduit par cette initiative, Charles Veillon, patron d’une entreprise de vente par correspondance, engage Augsbourg pour lancer un Petit journal où se mêle promotion des produits de la maison et articles illustrés sur des thèmes culturels et sociétaux. Pendant plus de dix ans, Géa Augsbourg assurera la direction rédactionnelle et une grande partie de l’illustration et fera appel tant aux écrivains locaux (Chessex, Jacottet, Landry, etc) jusqu’à son réseau parisien. Le Journal de la Maison Charles Veillon est l’une des aventures éditoriales les plus originales de l’artiste.

A la libération, Géa Augsbourg renoue avec la presse, notamment à travers des journaux de gauche comme Action ou Libération ainsi que des magazines suisses romands comme Servir, Trente Jours ou L’Illustré. L’expo 64 est traitée à travers ses visiteurs ou les petites mains de l’exposition. Un des plus intéressants de ces portfolios est consacré aux travaux de construction de l’autoroute Genève-Lausanne : l’artiste réalise à cette occasion une étonnante série de portraits d’ouvrier immigrés. Notre terre et ses gens, propose un tour d’horizon du pays romand, essentiellement dans ses aspects ruraux. Ce recueil annonce une veine que le dessinateur exploite plus particulièrement après la guerre. Augsbourg cherche en général plus à traduite une atmosphère qu’à rendre compte d’événements précis.

Né à Yverdon en 1902, Géa Augsbourg a suivi une formation de dessinateur-géomètre avant de fréquenter l’Ecole cantonale de dessin de Lausanne. Plutôt marginal, il peine à se plier à la discipline et aux conventions académiques. Il se lance dans une carrière de peintre au modernisme modéré, dans le goût de la jeune peinture romande de l’époque. Installé à Cully, il se lie avec le peintre R.-T. Bosshard et l’écrivain Paul Budry. Ce dernier lui fait rencontrer d’anciens comparses des Cahiers vaudois, grande aventure éditoriale qui a réuni entre 1914 et 1920 la fine fleur des artistes romands de Ramuz à Charles-Albert Cingria. Au début des années 30, Géa Augsbourg s’installe à Paris où ses dessins sont remarqués, le réorientant vers une carrière de dessinateur de presse. Il se spécialise rapidement dans les sujets littéraires : portraits, illustrations d’enquêtes ou de textes. Sa vie partagée entre Paris et la Suisse, croise ainsi celle de nombreuses personnalités artistiques. Dessinateur-né, il a fait du café vaudois ou parisien, son second atelier. L’artiste décède à Prilly en 1974.

Géa Augsbourg, Saisir les gens et les Lieux, exposition du 9 octobre 2013 au 12 janvier 2014. Maison du Dessin de presse, Rue Louis-de-Savoie 39, 1110 Morges, ouvert du mercredi au dimanche de 14h - 18h. Fermé lundi, mardi et jours fériés. Entrée libre. www.maisondudessindepresse.ch ou 021 801 58 15

Dany Schaer

Article paru dans Clin d’œil, octobre 2013