Ropraz - Estrée
Jeux de la goutte d’eau
Louise Beetschen et Anita Porchet s’unissent le temps d’une
exposition à l’Estrée. Par la maîtrise de l’eau, les deux
artistes nous parlent d’encre de chine et de sable, de papier de
soie et de verre, de tableaux et de miniatures en horlogerie.

Jeune-fille à la perle J. Vermeer
Peinture Anita-porchet |

Louise Beetschen |
Encre de chine, papier, eau et pinceau font partie de l’univers
de Louise Beetschen depuis fort longtemps. Son carnet de route
est multiple, il reflète les joies, les peines, les craintes et
les espoirs. Tel un journal intime qui se dévoile par petites
touches sombres, ses tableaux format cartes postales semblent
enchainés les uns aux autres comme un puzzle géant. Ils nous
racontent les paysage, les ombres et silhouettes qui se fondent
dans l’imaginaire d’une vie.
Passionnée par la trace et l’empreinte, l’artiste explore les
nuances, les lumières du noir de l’encre de chine et cherche sur
le papier la meilleure manière de les révéler. Au bénéfice d’une
formation Arno Stern depuis 1993, Louise Beetschen vit à Maracon
et anime à temps partiel un atelier d’expression par la peinture
et le modelage dans une école d’enseignement spécialisé. Elève
de Jean Sahli à Corseaux, cela fait dix ans qu’elle s’initie à
la calligraphie chinoise. Un coup de cœur pour une technique
exigeante et goût de l’esthétisme. « Je me sens libre avec les
nuances du noir ».
Anita Porchet habite Corcelles-le-Jorat et travaille pour les
grandes marques horlogères. Elle réalise des peintures
miniatures au pinceau telle une toile de peintre. Lorsqu’elle
s’intéresse aux décors en émail elle n’a que douze ans. Elle
apprend le métier avec son parrain, un graveur émailleur. Plus
tard elle poursuit les cours des Beaux-Arts à Lausanne. « J’ai
poursuivi l’apprentissage de cet art avec une enseignante
titulaire de la spécialité à l’Ecole des arts décoratifs de
Genève. Après la fermeture de sa classe en 1970, elle exerçait
dans son atelier et j’ai toujours aimé cette atmosphère de
l’atelier ». Si l’intérêt pour l’émail est à la mode, il faut
distinguer la peinture miniature des autres décors en émail. Il
faut une longue expérience pour devenir un peintre miniature sur
email digne de ce nom. La peinture miniature s’est développée
dans le sillage de l’horlogerie et Anita Porchet rend hommage
aux grandes marques qui sont attachées à préserver le métier.
L’émail est du verre transparent coloré à l’aide d’oxydes
métalliques qui, déposé sur une plaque de métal et porté à une
température de 800 à 1200 degrés fond, se vitrifie et devient
inaltérable. Associé depuis l’Antiquité à la bijouterie l’émail
s’impose dans la décoration de montres apparues sous la
Renaissance. Emailler est une alchimie délicate. Un jeu entre
l’eau et le feu.
Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon, décembre 2009
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