Ropraz – L’Estrée
Entre vagabondage et fragment, la griffure du temps

Jean-Louis Choffel |

Marie-Claire Meier |
Jean-Louis Choffel et Marie-Claire Meier exposent leurs
œuvres à l’Estrée. Deux artistes qui se rejoignent autour du
papier, des brindilles, du sable ou des cendres, la couleur
passion ou les blessures muettes. Dans la solitude de l’atelier,
au lever du jour, avant que la vie ne s’éveille une promenade
intérieure où l’imaginaire dépose une trace.
Jean-Louis Choffel est né en Haute-Saône. Après avoir fréquenté
l’école hôtelière de Thonon il part travailler cinq ans sur les
paquebots parcourant les mers. Puis, après quelques années à
Paris où il découvre l’art contemporain, il s’installe en 1987 à
Cormatin, un village de Saône-et-Loire qui lui ressemble, à
l’abri de l’agitation du monde. Une petite maison chauffée au
bois et dehors un minuscule jardin où légumes et fleurs
s’enlacent dans un désordre voulu. Ceci explique peut-être le
fait que Jean-Louis Choffel n’utilise pas de pinceau mais des
herbes rigides pour battre ses minuscules toiles sur lesquelles
est appliqué l’acrylique blanc. Comme une peau le papier porte
les traces, les éraflures ou les griffures qui ont scarifié sa
surface. Les rares taches de couleur rouge sont les blessures
tues, de celles qui se cachent dans les livres. «Je peins
souvent la nuit alors que l’esprit vagabonde dans le calme. Je
suis un ours qui aime la tranquillité. Je cache ma peinture ».
Mais alors est-ce douloureux de se mettre à nu face au regard
des autres ? « Oui un peu j’avance à petits pas et je choisis
mes voyages fantastiques, continents à la dérive où les sentiers
ne mènent nulle part si ce n’est dans les rêves de ceux qui les
suivent. Dehors un merle, une mésange, comme à Cormatin, les
arbres accueillent la lumière du jour.
Marie-Claire Meier puise ses sujets dans l’observation de son
environnement. Dans « Fragment de vie » l’artiste comme pour un
travail d’archéologue réinvente l’histoire pour que les
déchirures tiennent ensemble, à l’image de l’humain qui pour
tenir debout doit sans cesse se reconstruire et accueillir le
possible. « C’est à partir de tissus et de végétaux que je
fabrique depuis 20 ans le support de mes tableaux et sculptures.
J’ai repris les recettes traditionnelles utilisées au Moyen Age
de la fabrication du papier que je développe dans une approche
contemporaine. Mon travail est souvent porteur de signes,
d’écritures, de graffitis, d’idéogrammes car le papier est le
réceptacle privilégié de toutes les histoires, confidences,
secrets, rébus. Pendant que la pâte est humide je peux y gaufrer
des reliefs, y insérer d’autres matières, encre, sable, cendre
ou poudre de marbre. Je peux travailler cette matière en
tableaux ou en sculptures ». Deux raisons fondamentales motivent
la recherche de l’artiste : le procédé alchimique qui transforme
une matière existante et la mémoire de la matière qui induit le
thème de son travail. Marie-Claire Meier travaille à La
Neuveville, membre de Visarte elle a une formation pédagogique
et artistique. Dès 1990 elle a participé à une centaine
d’expositions.
Exposition « Cartographies imaginaires » du 16 février au 1er
avril 2013, Fondation l’Estrée Ropraz, Bourg-Dessous 5, 021 903
11 73 ; fondation estree.ch;
entrée libre. Ouvert tous les jours de 14h à 19h sauf le mardi ;
www.estree.ch
Marie-Claire Meier, Vervas 25, 2520 La Neuveville ;
www.mcmeier.ch ; mcmeier cedweb.ch;
032 751 48 84
Jean-Louis Choffel, 82, Grande Rue, F-71460 Cormatin, jl.choffel orange.fr
Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon et l’Echo du Gros-de-Vaud,
février 2013

Jean-Louis Choffel
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Marie-Claire Meier |

Marie-Claire Meier et Jean-Louis Choffel |
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