Ropraz
Logovarda, artiste sans visage
Peintre, graveur et sculpteur, Logovarda, vit à La Ferrière.
L’artiste, sans âge et sans origine expose ses œuvres à la
fondation L’Estrée. L’homme reste derrière la toile, à l’abri du
regard. Seule l’œuvre compte et une fois réalisée elle s’en va
sur les murs des galeries et musées. Elle est son cri, son
indignation, sa mauvaise note pour une société empruntée dans
ses incohérences, ses petits travers et ses non-dits.
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Après l’obtention d’une bourse fédérale à Zurich au début des
années 70, Logovarda a exposé régulièrement en Suisse romande et
en Suisse alémanique, ainsi qu’en Grèce et à Barcelone. Cet
amoureux de la Grèce trouve son identité dans un monastère des
montagnes de l’Île de Paros. Logovarda résonne comme un chant
rude et doux à la fois, comme une solitude bienfaisante dans le
silence des murs antiques. Les habitants de l’Île ne se sont par
trompés, ce nom lui colle à la peau et lui permet de travailler
en toute quiétude à l’abri d’une identité choisie non par
l’homme mais par les hommes.
Dans une maison isolée de La Ferrière le peintre exprime sa
vision du monde. Les personnages, les animaux croisent leur
destin dans un espace où le moindre détail est savamment pensé.
Logovarda traverse les cataclysmes de l’âme dans un style pur,
libre avec une pointe d’humour, pouvoir extrême de l’expression
artistique.
Le peintre travaille à l’acrylique, sur de lourds papiers
encollés, souvent de grands formats. Il incorpore divers
matériaux à la peinture obtenant une texture à l’aspect vieux
cuir ou parchemin. Ses toiles placées entre présent et futur
bouleversent nos certitudes. Elles se détachent de leur auteur
et dans un gémissement à peine audible nous livrent une plainte.
Les marteaux en forme de croix surgissent du néant avant que
l’oubli n’efface cet indomptable message.
Exposition à L’Estrée,
Ropraz, jusqu’au 24 mai 2010.
Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon, mai 2010
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